180° Sud: le grand n'importe quoi de la NHL (partie III)

Publié le par greg11

180° Sud, partie 3 : l’Étoile du Nord

L’histoire et le destin des North Stars du Minnesota sont particuliers et relèvent d’un cas d’école. La disparition aussi inattendue qu’impopulaire de l’équipe a provoqué un véritable électrochoc dans le monde du hockey professionnel nord-américain et a initialisé la grande migration des franchises agonisantes en direction du sud.

Lors de la vague expansionniste de 1967, le Minnesota a immédiatement fait figure de favori dans la course à l’attribution d’une franchise évoluant dans la Ligue nationale de hockey. Premièrement, cet État est considéré comme la capitale du hockey aux États-Unis. Le hockey universitaire est très développé et le Minnesota forme grosso-modo un quart de l’effectif des internationaux américains. Ensuite, une nouvelle arène, le Metropolitan Sports Center, venait de sortir de terre à Bloomington, faubourg situé entre Minneapolis et St-Paul. L’architecture particulière du «Met Center» rappelait furieusement le Parthénon avec sa couleur blanche, sa surélévation et ses colonnes grecques. Sans surprise, le Minnesota fut sélectionné et choisit le nom de North Stars en référence à la devise de l’État : «L’Étoile du Nord».

RTEmagicC_CS_03-1.jpg.jpg
Le Met Center, véritable précurseur à l'époque en matière d’amphithéâtre.

L’équipe ne laisse personne indifférent. Ses couleurs (vert et jaune) et son logo considéré comme l’un des plus aboutis au niveau graphique suscitent une savoureuse curiosité. Sur la glace, ce n’est en revanche pas extraordinaire : les North Stars cumulent les défaites avec une grande régularité, mais le tout entrecoupé de saisons où la franchise parvient à surprendre son monde en atteignant notamment la finale de la Coupe Stanley en 1981 face aux Islanders de New York. Une gestion sportive hasardeuse doublée de mauvais choix de repêchage ne parviendront pas à relancer durablement les North Stars vers le succès et les premières fissures visibles apparaîtront dans le courant des années quatre-vingt.

Des soucis d’infrastructures

En 1984 déjà, les frères George et Gordon Gund, propriétaires de la concession, avaient proposé divers projets aux autorités de la ville, incluant la création d’un grand centre commercial et la rénovation du Met Center. Ces demandes tombèrent alors dans les oreilles de sourds et le terrain fut vendu à un autre groupe qui construisit alors un… centre commercial et ils se sont naturellement sentis floués. Le manager général des North Stars, Lou Nanne, calma le jeu en finançant la construction de 20 loges corporatives pour 3.5 millions de dollars.

En 1988, les North Stars avaient terminé une nouvelle horrible saison sur le plan sportif en finissant bon derniers de la LNH. L’équipe est la risée de la Ligue et des calicots fleurissent dans les arènes où les North Stars jouent : «Terrible team, but nice jerseys» (équipe médiocre, mais jolis maillots). La popularité de leur uniforme est en quelque sorte inversement proportionnelle à leurs résultats. Minnesota hérite donc du premier choix de repêchage et sélectionnent Mike Modano au détriment de Trevor Linden, l’autre option potentielle. Avec le natif du Michigan, l’optimisme renaît du côté de Bloomington. Parallèlement, la construction du Target Center, un nouvel amphithéâtre situé au centre-ville de Minneapolis et destiné à la nouvelle franchise NBA des Timberwolves, se termine. Lassés par les atermoiements des services des sports de l’État, les Gund reviennent néanmoins à la charge dans le but de procéder à des améliorations du Metropolitan Sports Center devenues nécessaires. Une fois encore, les frères se font éconduire. Ils menacent alors de déménager l’équipe dans la baie de San Francisco, à San Jose.

RTEmagicC_CS_03-2.jpg.jpg
Mike Modano, le nouvel espoir de la franchise…

Lou Nanne revient une nouvelle fois à la rescousse. Il propose aux Gund de vendre les North Stars et de se voir attribuer une franchise d’expansion, à San Jose justement. George est d’accord sur le principe, mais Gordon met son véto. Le président de la Ligue nationale de hockey, John Ziegler, est fermement réticent à l’idée de déménager les North Stars. Bill Wirtz, le chef du Conseil des Gouverneurs de la LNH (l’instance qui doit donner son accord en cas de projet de relocalisation), est aussi farouchement opposé à un transfert. Il faut dire que Wirtz est aussi le propriétaire des Blackhawks de Chicago ; avec le temps, une grande rivalité s’est développée entre les deux équipes et Wirtz n’a aucun intérêt à ce que les North Stars disparaissent.

Le démantèlement des North Stars

Finalement, un compromis est trouvé. L’entité des Cleveland Barons qui avait fusionné avec la franchise du Minnesota est séparée et mise à disposition des frères Gund qui ont l’accord pour la transférer à San Jose. Étant donné que les frères Gund était originellement propriétaires des Barons, ils ont pu choisir les meilleurs éléments des North Stars ainsi que les meilleurs choix de repêchage qu’ils allaient prendre avec eux. Afin de compléter les deux équipes, un repêchage extraordinaire est organisé. George et Gordon Gund ont ensuite vendu leurs parts relatives aux North Stars à Howard Baldwin et Morris Belzberg pour un montant de 32 millions de dollars. Clin d’œil au passé et dans la mesure où cette équipe est finalement issue des Seals de Californie, les Sharks adoptèrent le cyan comme couleur principale.

Les deux nouveaux propriétaires de la franchise ont alors exploré l’option de jouer dans le tout nouveau Target Center qui appartient aux Timberwolves. Cette idée prometteuse ne se concrétisera pas pour des raisons de sponsoring : les deux équipes sont en effet liées par des contrats publicitaires concurrents (Pepsi et Burger King, Coca Cola et McDonalds pour les North Stars, respectivement les Timberwolves). Le conflit d’intérêt a donc eu raison de cette possibilité, ce qui a fragilisé davantage la franchise de l’Étoile du Nord. Sur la glace, l’équipe était vidée de toute substance et continuait son chemin de croix devant un public de plus en plus désintéressé. La popularité du hockey universitaire et l’engouement créé par les Timberwolves – l’équipe de basketball avait une moyenne de près de 24'000 spectateurs malgré des résultats minables – a contribué à phagocyter la base des fans des North Stars. En juin 1990, les deux hommes vendirent leurs parts à celui qui allait être perçu comme le sauveur de la concession : Norman Green, dit Norm Green.

Source: cartonrouge.ch
Si vous avez manqué le début: partie I et partie II

Publié dans hockey

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article